Les résultats du volet consommations de produits psychoactifs (alcool, tabac, cannabis) de l’enquête HBSC (Health Behaviour in School-aged Children) de l’OFDT révèlent des niveaux d’expérimentations un peu en deçà de ceux mesurés lors de la précédente édition de 2010.
S’il convient de distinguer les résultats selon le genre des interrogés, les niveaux mesurés apparaissent stables pour le cannabis et en recul pour les produits licites, tabac et alcool.
Concernant l’alcool, son aura « culturel » continue de valoir des expérimentations plus importantes que les autres produits. Néanmoins, de manière générale, les consommations (expérimentations, consommations récentes, ivresses) sont en recul. L’expérimentation du produit tabac n’évolue pas significativement mais l’usage quotidien recule légèrement, tous sexes confondus.
Les niveaux d’expérimentations de cannabis sont à lire selon le genre. Les expérimentatrices de cannabis sont en baisse entre 2010 et 2014 alors que les expérimentateurs sont en hausse. Avec une expérimentation moyenne de 1 élève sur 10 au collège et un usage récent pour 8% des élèves et une initiation qui se produit principalement durant la 4ème et la 3ème.
Nouveautés pour cette session 2014, les produits comme la chicha ou la cigarette électronique ont été analysés. Pratique populaire de la 6ème à la 3ème, on constate que les utilisateurs de chicha ont pratiquement tous déjà expérimentés la cigarette. Concernant l’e-cigarette, utilisée par près de 4 élèves sur 10 en 4ème et 3ème, on note une imbrication avec le produit tabac. Seul 9% des expérimentateurs n’ont jamais fumé de tabac et 7,8% de ceux qui ont expérimenté les 2 produits ont commencé par la e-cigarette avant le tabac. Il est important de rappeler que l’e-cigarette est nettement moins nocive que le tabac et que son expérimentation reste largement associée à la cigarette classique.
Il est probable que les indicateurs pour l’alcool et le tabac traduisent l’impact du renforcement des mesures de protection, démontrant ainsi l’efficacité de la prévention environnementale. Une prévention qui instaure des garde-fous, dans une société addictogène où l’incitation est prégnante. Les interdits légaux, s’ils jouent encore leurs rôles de barrières à l’âge de 12 à 15 ans, se voient remis en cause à la période lycée. En cela, la déconstruction de la loi Evin doit alerter sur le message de banalisation envoyé sur l’alcool, alors même qu’il convient de poursuivre intensivement la prévention auprès des lycéens, associé à une limitation de l’accès et de l’exposition au produit.
En parallèle, les expérimentations de produit illicite, ici le cannabis, montrent des niveaux stables, actant ainsi l’inefficacité de la réponse pénale.
Il est intéressant de se pencher sur les périodes où se produisent les expérimentations, les initiations, donnant ainsi une lecture précise des périodes charnières durant lesquelles intervenir auprès de la communauté jeune. Des interventions en amont de ces périodes à risque sont nécessaires, interventions dont on connaît les leviers efficaces : des programmes validés, associant le soutien aux compétences éducatives des parents et le renforcement des compétences psychosociales des adolescents (programme Unplugged, SFP,…) et donc une prévention adaptée à ses destinataires (âge, genre, situation sociale, etc..).
Ces résultats renforcent l’intérêt d’une approche qui ne se limite pas à soigner ou punir, mais qui soutient et remobilise, notamment par le biais des actions portées et menées par les CJC.